Le mur des Fédérés
Le dimanche 28 mai 1871, en fin d’après-midi, épilogue tragique de la semaine sanglante, terme de l’insurrection ouvrière parisienne, eut lieu sans autre forme de procès, l’exécution par les « Versaillais », des derniers combattants, devant un mur d’enceinte du Cimetière du Père Lachaise, depuis lors nommé « mur des Fédérés ».
La mémoire de la Commune résonne toujours en nous.
Nous voulons rendre à ces victimes, d’une répression sans pitié, l’hommage dont elles ont, alors, été privées.
Ce mur symbole de la lutte pour la liberté et les idéaux marque la fin terrible - drame probable d’un emballement révolutionnaire et du manque de préparation - d’une insurrection de 2 mois pour la dignité humaine, d’une insurrection contre les injustices et les difficultés du quotidien.
L’œuvre progressiste et émancipatrice de la Commune fut donc inachevée, mais ses enseignements gardent toute leur actualité.
Elle nous laisse l’exemple du courage et de la résistance à l’exclusion et à la paupérisation.
Nous savons que la Commune n’était pas fille de la Franc-maçonnerie.
Nous savons aussi que certains maçons étaient auprès des Communards comme d’autres chez les Versaillais.
Nous savons aussi, la désapprobation des instances maçonniques de l’époque après le manifeste maçonnique du 8 avril 1871, qui pourtant invitait à « poser les bases d’une paix définitive, qui soit l’aurore d’un avenir nouveau ».
Nous savons enfin que les interprétations de la Commune et de son héritage varient.
Mais on ne saurait oublier pour autant les mesures sociales, la décision de séparation de l’Église et de l’État, la suppression du budget des cultes et le décret jetant les bases de l’enseignement laïque.
Les francs-maçons se retrouvent dans les idéaux humanistes et sociaux qui ont guidé les réformes de la Commune.
Notre commémoration de ce massacre veut témoigner de notre attachement à la concorde, à la paix, au progrès social comme à celui des libertés individuelles… ce qui nous conduit à dénoncer et combattre toute forme de discrimination, d’exclusion, de stigmatisation, d’anathème, de discours de haine ou d’inégalité notamment entre hommes et femmes.
Cette lutte pour l’égalité des genres est le moteur de l’Ordre Maçonnique Mixte International Le Droit Humain depuis sa fondation et l’on sait depuis bien longtemps, particulièrement depuis Olympe de Gouges, que « les femmes doivent toujours lutter deux fois plus que les hommes ; une fois avec les hommes pour le changement, et la deuxième fois pour qu’elles ne soient pas en reste du changement »
Plus généralement, tous les francs-maçons souhaitent que l’idéal de Liberté, Égalité, Fraternité soit plus qu’une devise au fronton des édifices.
Nous l’avons dit… Les francs-maçons de 1871 étaient partagés.
Maçons d’aujourd’hui, nous souhaitons commémorer l’engagement total de ceux qui voulaient plus de liberté, plus de justice, plus d’équité.
Nous commémorons le combat contre l’exclusion, une exclusion qui d’ailleurs n’est l’apanage ni du monde profane ni des siècles passés.
En cette occasion nous voulons témoigner de la vanité des luttes picrocholines devant ceux qui sacrifièrent leurs vies pour leur quotidien et, consciemment ou non, pour un idéal, celui de mettre l’homme au centre du débat en tant que sujet, mais aussi en tant qu’acteur.
Saluons l’engagement, le courage, la conviction et l’humanisme résistant ; l’exemple nous impose la vigilance alors que rien n’est jamais acquis et qu’il y a encore danger pour la République, pour la démocratie, pour la laïcité.
Faisons de ce mur du souvenir, lieu sacré de la mémoire ouvrière parisienne, un mur de l’espérance en l’avenir, en une société plus juste, en une société plus équitable.