Plus que jamais d’actualité !
Depuis quelques mois, vous connaissez une pandémie qui conduit les autorités à imposer des « gestes barrières » parfois mal acceptés. Pourtant, correctement pratiqués, aucun ne présente de danger, dans la droite ligne de l’adage médical « primum non nocere[1] ». Mon histoire suscitera sûrement votre réflexion, peut-être même vous paraitra-t-elle d’une brûlante actualité ?
Quatrième fils d’un épicier prospère d’origine allemande je nais le 1er juillet 1818 à Buda (Hongrie) dans le vieux quartier commerçant serbe « dans le profil de l’église St Etienne »[2].
J’étudie d’abord au lycée catholique de Buda, puis, de 1835 à 1837, je poursuis mes études à l’université de Pest, où j’obtiens une licence en droit. Le 4 Novembre 1837 je quitte Budapest pour aller acquérir à Vienne mes titres de droit autrichien.
Le Droit ne me retient pas longtemps : je m’inscris à la faculté de médecine de Vienne puis reviens à Pest en 1839, au terme de ma première année. Les conditions archaïques m’incitent à regagner Vienne dès 1841 où je bénéficie de l’enseignement de maîtres prestigieux : le grand clinicien Škoda, l’anatomo-pathologiste Carl Von Rokitansky et Ferdinand Von Hebra[3].
Au printemps1844, intéressé par les plantes médicinales je rédige « La vie des plantes », courte thèse (12 pages) sur leurs vertus thérapeutiques. Je suis alors un cours d’obstétrique pratique à l’issue duquel j’obtiens une maitrise, puis je complète ma formation chirurgicale.
Nommé Maître en chirurgie le 26 Novembre 1846[4] je deviens assistant du Professeur Johann Klin[5], chef de service d’obstétrique de l’un des deux pavillons de maternité de l’hôpital général de Vienne ; l’autre pavillon est dirigé par le Professeur Bartch.
Très vite je suis confronté aux ravages mortels causés par la fièvre puerpérale, la fièvre des accouchées, « divinité terrible ! Détestable ! Mais tellement habituelle ! A force, elle paraissait dans l’ordre de ces catastrophes cosmiques, inévitables… »[6] - [7]. Ils sont tels que les femmes redoutent d’accoucher dans cet hôpital préférant accoucher dans la rue : « Ne se résignaient évidemment à l’accouchement dans un hôpital d’aussi triste renommée que celles dont la condition était absolument misérable »[8]
Plusieurs constatations m’alertent :
- la létalité[9] après accouchement était faible avant 1840 (1,25% environ), quand les étudiants en médecine ne fréquentaient pas encore les hôpitaux et n’étudiaient l’anatomie que dans les livres et non par dissection. Elle était quasiment identique dans les services de Klin et de Bartch,
- une nette différence de létalité entre les deux services ; parfois jusqu’à 33% de décès dans l’un (Klin) pour 1 à 2% dans l’autre (Bartch)
- toutes les tentatives pour réduire le taux de mortalité ont échoué. Mes maîtres croient impossible une quelconque prévention. Plusieurs hypothèses sur la cause de cette maladie ont été proposées l’attribuant tantôt à un déséquilibre des quatre humeurs, au confinement, à la promiscuité, à la mauvaise aération voire au début de la lactation.
Obsédé par le spectacle de toutes ces mères mourant dans une lente agonie, je poursuis mon analyse :
- le service du professeur Bartch a, pour la même maladie, un taux de mortalité très inférieur (dans la normale de l’époque) à celui du professeur Klin, alors qu’il est situé dans le même hôpital et utilise les mêmes techniques. J’en suis préoccupé et entreprends ce que l’on nomme aujourd’hui une véritable « étude épidémiologique »,
- les modalités d’admission dans l’une et l’autre maternité ne peuvent pas être incriminées,
- le service du Professeur Klin est un terrain de stage destiné à l’instruction des étudiants en médecine, tandis que le second, celui du Professeur Bartch a été choisi, en 1839, pour la formation des élèves sages-femmes. La seule différence tient donc au personnel.
Pourquoi meure-t-on beaucoup plus chez Klin que chez Bartch ?
Les étudiants médecins sont au centre du problème. Quand les sages-femmes en stage chez Bartch sont « inter changées » avec les étudiants de Klin « la mort suit les étudiants ». On y voit une conséquence de leurs touchers vaginaux « sans aucune douceur [qui] provoquent par leur brutalité une inflammation fatale ».
Après avoir éliminé plusieurs hypothèses, la lumière est venue en 1847 lors du décès de mon ami Jacob Kolletschka, Professeur d’anatomie qui décède d’une infection après une blessure au doigt lors d’une dissection cadavérique. Son autopsie permet de découvrir des lésions identiques à celles trouvées sur les cadavres des femmes mortes de la fièvre puerpérale. "Puisque Kolletschka, est mort des suites d’une piqûre cadavérique, ce sont donc les exsudats prélevés sur les cadavres qu’on doit incriminer dans le phénomène de contagion ». Il doit y avoir un rapport entre la contamination par les cadavres et la fièvre puerpérale ! Et si, depuis la salle de dissections et autopsies les médecins et les étudiants qui ne prennent aucune précaution particulière apportaient sur leurs mains les particules contaminant les accouchées ? S’ils transportaient une substance cadavérique inconnue qui provoque la fièvre puerpérale ? Ceci expliquerait que le service dans lequel travaillent les élèves sages-femmes n’ayant pas accès aux salles d’anatomie, ait un taux de fièvre puerpérale et de décès bien moindre.
En mai je préconise l’emploi d’une solution d’hypochlorite de calcium (ou chlorure de chaux) pour le lavage des mains entre le travail d’autopsie et l’examen des patientes. Le taux de mortalité chute de 12 % à 2,4 %, résultat comparable à celui du service du Professeur Bartch.
Il est désormais clair pour moi que « les mains, par leur simple contact, peuvent être infectantes » ; néanmoins, je demande également que ce type de lavage soit étendu à l’ensemble du matériel et des examens utilisés par les médecins et étudiants en contact avec les corps en décomposition. Le taux de mortalité baisse encore pour atteindre 1,3%.
Des communications sont présentées à l’Académie des Sciences par Škoda, à la Société de Médecine par Ferdinand von Hebra qui les appuie par deux articles expliquant l’étiologie[10] de la fièvre puerpérale et recommandant expressément l’usage de l’hypochlorite de calcium en prévention.
Au vu des résultats le Professeur Skoda propose la création d’une commission officielle d’évaluation, rejetée par le Ministère pour des raisons bien éloignées de ma démarche scientifique.
Le moins que l’on puisse dire est que cette découverte n’emporte pas l’enthousiasme de mes confrères viennois.
- Le protocole parait lourd avec 5 minutes de lavage des mains
- La solution d’hypochlorite de calcium est irritante pour la peau
- Cette théorie sous-entend la responsabilité médicale dans la transmission et par voie de conséquence dans les décès
- Un quart de siècle avant Pasteur et la découverte des microbes, je ne peux pas démontrer formellement l’existence de ces « particules ». Pire, « plus [j’], apporte d’éléments de preuve, plus la résistance grandit ».
- Ajoutons à cela que mon grand défaut est « d’être brutal en tout et surtout pour [moi]-même ». « Humainement [je suis] un maladroit »[11]. Bien des années plus tard en introduction à la réédition de la thèse du Dr Destouches Philippe Sollers écrira : « Semmelweis est un génie bizarre. Il fait une découverte essentielle, l’asepsie, mais il veut l’imposer de manière maladroite. Il a une intuition fulgurante, mais il est caractériel et brutal. »
A l’un de mes rares soutiens, Von Hébra, déclarant : « quand on fera l’histoire des erreurs humaines, on trouvera difficilement des exemples de cette force et on restera étonné que des hommes aussi compétents, aussi spécialisés, puissent, dans leur propre science, demeurer aussi aveugles, aussi stupides. »[12]. Johann Klin répond: « Monsieur Semmelweis prétend que nous transportons sur nos mains de petites choses qui seraient la cause de la fièvre puerpérale. Quelles sont ces petites choses, ces particules qu’aucun œil ne peut voir ? C’est ridicule ! Les petites choses de Monsieur Semmelweis n’existent que dans son imagination ![13] », et en mars 1849 il refuse de renouveler ma nomination dans son service d’obstétrique :
Il faut les efforts de Rokitansky, Škoda, Hebra, Heller et Helm[14] pour me persuader de présenter moi-même ma découverte « Sur l’origine de la fièvre puerpérale » à la communauté médicale. Le 15 mai 1850, je donne une conférence devant l’Association des Médecins de Vienne sous la présidence de Rokitansky, discours suivi d’un second le 18 juin 1850 pour délivrer le même message.
« Ce sont les doigts des étudiants, souillés au cours de récentes dissections, qui vont porter les fatales particules cadavériques dans les organes génitaux des femmes enceintes et surtout au niveau du col utérin (…) Les mains, par leur simple contact, peuvent être infectantes ».
L’Académie de Médecine de Paris à laquelle je communique mes travaux ne me répond pas, pas plus que ne le font Edimbourg, Londres, Berlin, Amsterdam ou Prague ….L’inertie triomphe !
Confronté à des difficultés financières, en proie aux injures « aussi bien de la part des malades que des étudiants et des infirmiers »[15] je quitte brusquement Vienne pour Pest.
En Hongrie, après une trop longue période marquée par des accidents et une quasi misère, en 1851 je trouve un poste à la maternité de l’hôpital Saint-Roch à Pest, maternité dirigée par le Professeur Birley auquel je succède en1856. Ma politique de lavage des mains et du matériel abaisse à 0,85 % le taux de mortalité due à la fièvre puerpérale. Mes idées sont bientôt acceptées dans toute le pays, après qu’un décret gouvernemental ait ordonné que mes méthodes prophylactiques soient appliquées partout. C’est à partir de ce moment que débute la rédaction de mon volumineux ouvrage: « Die Ätiologie, der Begriff und die Prophylaxis des Kindbettfiebers », « L’Etiologie de la Fièvre Puerpérale »[16] . Quatre ans me sont nécessaires ; il parait en 1861.
En 1857 j’épouse Mária Weidenhoffer dont j’ai cinq enfants et en Mars 1858 mon ami Aneth emporte le manuscrit de « L’étiologie de la fièvre puerpérale » à l’Académie de Médecine de Paris où mes préconisations sont balayées par Dubois, un des accoucheurs les plus célèbres de son temps.
Toutes mes initiatives ne sont pas heureuses, dont celle suivant ma prise de fonction en 1856, sous forme d’une virulente « Lettre ouverte à tous les professeurs d’obstétrique », dont certains passages sont restitués par L.F. Destouches[17].
Je m’évade alors « du chaud refuge de la raison »[18] et dès le printemps 1865 mon comportement atypique s’accentue dans la paranoïa, la dépression et l’agressivité. Je suis interné en hôpital psychiatrique le 31 Juillet[19] à Döbling près de Vienne où je décède, dans de troubles circonstances (cf.annexe), le 13 Août 1865 [20] à l’âge de 47 ans.
Je suis inhumé à Budapest au cimetière National de Fiumei ùt.
D’autres avant moi dont l’écossais Alexander Gordon ou l’américain Oliver Wendel Holmes avaient approché le rôle de la transmission par les soignants mais n’ont pas été entendus. C’est souligner l’influence néfaste des dogmes et les réticences au changement.
En avance sur mon temps, j’ai buté sur le mur des certitudes et de l’orgueil de quelques-uns, pour entrer au panthéon des chercheurs ayant eu raison trop tôt, aux côtés de Galilée, de Copernic ou de Mendel[21]. Mon idée ouvre la voie à l’hypothèse microbienne, sans toutefois pouvoir en apporter la preuve. Je ne suis réhabilité qu’à la fin du 19e siècle, quand Pasteur, Koch ou encore Yersin valident mon intuition.[22]
J’ai découvert l’origine de la fièvre puerpérale et avant l’heure, ce que l’on nomme maintenant « infection nosocomiale »[23] et « infection manuportée », de même que la fonction antiseptique d’un produit. A ce titre, je fais figure de père de l’asepsie et de l’épidémiologie hospitalière moderne.
J’ai suscité de nombreux ouvrages, certains cités ici en références, mais en dépit de quelques inexactitudes chronologiques et de quelques libertés, la thèse de médecine présentée en 1924 par Louis Destouches « La vie et l’œuvre de Ignace-Philippe Semmelweis » offre un intérêt sur le fond, d’une grande richesse, comme sur la forme qui préfigure le génie littéraire de son auteur.
Je me suis parfois, trop souvent peut-être, montré excessif dans mes propos. Pourtant « Mes préceptes ont été forgés pour débarrasser les maternités de leurs horreurs, pour que le mari garde sa femme, et l’enfant sa mère ».
Mes travaux ont contribué à changer la vie des femmes, et le 9 Novembre 1906 le Professeur Adolphe Pinard[24], dans ses leçons à la Clinique obstétricale Baudelocque (Paris) invita ses étudiants à se souvenir de moi comme d’un « homme si longtemps méconnu ou dédaigné, qui a mérité à si juste titre d’être placé au premier rang parmi les bienfaiteurs de l’humanité. »
Malgré tout, quelle revanche !
ANNEXE
« Troubles circonstances »
LF. Destouches, repris dans plusieurs biographies[25] raconte que, pris d’une crise de démence avant mon internement, je me suis rué dans une salle d’autopsie et me suis blessé, comme mon ami Kolletchka avant moi, succombant ainsi aux maux que j’entends dénoncer. Mais l’ironie a ses limites, et elles sont romanesques. Cette version a depuis été démentie. En réalité, j’ai été victime de maltraitances à l’asile psychiatrique et suis mort de mes blessures. Le trépas n’en reste pas moins tragique.
Ecoutons H.O. Lancaster[26] : « On a beaucoup écrit sur Semmelweis, mais l’histoire authentique de sa mort, le 13 août 1865, a dû attendre 1979, pour être confirmée par S. B. Nuland. Après quelques années, où sa santé mentale s’était détériorée, Semmelweis fut confié à un asile privé de Vienne. Là il devint violent au point de se faire battre par le personnel de l’asile ; si bien qu’il mourut de ses blessures quinze jours plus tard. C’était sonner le glas de ces explications théâtrales selon lesquelles il aurait été blessé et infecté au cours d’une autopsie, ce qui aurait été, si cela avait été exact, un merveilleux cas d’ironie grecque ».
Cinq documents, dont le rapport d’autopsie pratiquée par Rokitansky (ou un de ses assistants), prouvent que Semmelweis est décédé des suites de mauvais traitements subis lors de son internement. Ces sévices causèrent une septicémie avec de nombreux foyers infectieux, superficiels et profonds[27]
[1] « Avant tout, ne pas nuire ».
[2] Céline L.F : « Semmelweis » L’imaginaire. Edition Gallimard. 1999
[4] Ibid.2
[5] « Ce Klin était un pauvre homme, rempli de suffisance et strictement médiocre [….] Non seulement sa bêtise naturelle, sa situation acquise le rendaient dangereux, mais il était surtout redoutable par la faveur dont il jouissait à la Cour » Ibid.2
[6] Ibid.2
[7] Puerpéral, du latin : puer « enfant » et parere « enfanter », d'où puerpera « accouchée ». Il s’agit de fièvre symptôme d’une infection de l’accouchée. Aujourd’hui on parle d’infection du péri ou du post-partum. Les premières descriptions par l’anglais Thomas Willis et l’obstétricien français François Mauriceau datent de la seconde moitié du XVIIe siècle.
[8] Ibid.2
[9] Risque d’entrainer la mort.
[10] Causes d’une maladie.
[11] Ibid.2
[12] Portraits de médecins : Ignace Philippe Semmelweis - http://www.medarus.org/Medecins/MedecinsTextes/???.html
[13] Ibid.12.
[14] Ibid.2.
[15] Ibid.2.
[16] Ignace Philippe Semmelweis « Die Aetiologie, der Begriff und die Prophylaxis des Kindbettfiebers. » Pest-Wien-Leipzig, 1861. Réimprimé avec une nouvelle introduction par A. F. Guttmacher. New York-Londres, 1966.
« On the Origin and Prevention of Puerperal Fever (De l'origine et de la prévention de la fièvre puerpérale) » Medical Times and Gazette, Londres, 1862 ; no. 1 : p. 601-602.
[17] Ibid.2. « Assassins ! Je les appelle tous ceux qui s’élèvent contre les règles que j’ai prescrites pour éviter la fièvre puerpérale. Contre ceux-là, je me dresse en adversaire résolu comme on doit se dresser contre les partisans d’un crime ! Pour moi, il n’est pas d’autre façon de les traiter qu’en assassins. Et tous ceux qui ont le cœur à la bonne place penseront comme moi ! Ce n’est pas les maisons d’accouchement qu’il faut fermer pour faire cesser les désastres qu’on y déplore, mais ce sont les accoucheurs qu’il convient d’en faire sortir, car ce sont eux qui se comportent comme de véritables épidémies, etc. » et L.F. Destouches d’ajouter: « Si ces vérités n’étaient que trop urgentes, cependant il était puéril de les proclamer sous cette forme intolérable. », avant de rappeler que j’ai achevé « de [me]rendre intolérable en allant afficher [moi]-même sur les murs de la ville des manifestes dont [il ]cite un passage : « Père de famille, sais-tu ce que cela veut dire d’appeler au chevet de ta femme en couches un médecin ou une sage-femme ? Cela signifie que tu lui fais volontairement courir des risques mortels, si facilement évitables par les méthodes…..etc ». Selon le Professeur Tibérius de Györy** de l’Université de Budapest cette assertion est fausse. Si ce texte se trouve bien en fin de lettre adressée aux obstétriciens, jamais je n’ai procédé à un quelconque affichage !
** Editeur des œuvres complètes de Semmelweis. Voir aussi Györy T. « Remarques sur les derniers jours de Semmelweis » Presse Médicale 1925 - in Céline (Louis-Ferdinand), « Semmelweis » Paris, Gallimard, « L’Imaginaire », 1999, p. 121.
[18] Ibid.2.
[19] Ibid.19.
[20] Ibid.19. Selon d’autres auteurs, dont L.F.Destouches.je serais décédé le 16 août 1865
[21]https://www.sciencesetavenir.fr/sante/Semmelweis-ce-genie-incompris-qui-avait-decouvert-avant-pasteur-les-bienfaits-de-l-asepsie_125499, le 02.07.2018 à 12h32
[22] Ibid.26
[23] Roué R. : « Semmelweis» adsp n° 38 mars 2002 - éditorial Membre du Haut conseil de santé Publique) : « Les infections nosocomiales sont inhérentes aux activités de soins, notamment en milieu hospitalier. Elles ne datent pas d’aujourd’hui ; elles ont été une préoccupation bien avant le 11 mars 1878, jour de naissance du mot « microbe », proposé à l’Académie des sciences par un chirurgien militaire, Charles Sédillot. On ne peut s’empêcher d’être frappé par la résistance, non pas celle des microbes aux anti-infectieux, mais des esprits et des comportements à admettre la réalité ; elle se rencontre chez les patients et plus largement chez tous les « usagers », réels ou potentiels, du système de soins refusant l’« inadmissible ». Elle s’observe aussi chez les personnels soignants, que ce soit individuellement, par exemple en négligeant de modifier un comportement à risque, ou collectivement en se réfugiant d’une certaine façon derrière des comités, des règlements, des procédures, certes nécessaires mais qui dispenseraient de l’action et de la responsabilité personnelles avec des moyens simples. »
[24] (1844-1934) – Elève de Tarnier, chargé de la Clinique d’accouchements de la Faculté de Paris. Membre de l’Académie de Médecine.
[25] Portraits de médecins : « Ignace Philippe Semmelweis » http://www.medarus.org/Medecins/MedecinsTextes/???.html
[26] Lancaster H.O.: « Semmelweis: a rereading of Die Aetiologie... Part I: Puerperal sepsis before 1845; Die Aetiologie », Journal of Medical Biography, no 2: 12-21, 1994, p. 14
[27] Carter K.C., Abbott S. et Siebach J.L.: “Five documents relating to the final illness and death of Ignaz Semmelweis”. Bull. Hist. Méd. 1995, no 69, p. 255-270.