Notre-Dame de Paris n’est pas seulement un édifice, c’est une personne
« Tous les yeux s’étaient levés vers le haut de l’église, ce qu’ils voyaient était extraordinaire, sur le sommet de la galerie la plus élevée, plus haut que la rosace centrale, il y avait une grande flamme qui montait entre les deux clochers avec des tourbillons d’étincelles, une grande flamme désordonnée et furieuse dont le vent emportait par moment un lambeau dans la fumée. »
Cet extrait du roman Notre- Dame de Parisachevé par Victor Hugo en janvier 1831 est étrangement prophétique. Il résonne près de deux siècles plus tard avec une triste réalité.
Lors de sa parution, l’écrivain attirait l’attention des Français sur l’état de délabrement de cette cathédrale gothique érigée sur l’ile de la Cité.
Ce livre vendu à l’époque 1 franc, avait conduit au lancement en 1843 d’un chantier de restauration mené par l’architecte Eugène Viollet-le-Duc auquel on doit la fameuse flèche centrale haute de 90 m qui s’est effondrée ce lundi 15 avril 2019.
Notre-Dame de Paris a été construite sur l’emplacement d’églises plus anciennes : d’abord la cathédrale Saint Étienne édifiée au cinquième siècle, puis la première cathédrale Notre-Dame construite au début du septième siècle.
Avec l’évolution de Paris, cet édifice est devenu trop petit et il a été nécessaire de construire une nouvelle église au milieu du douzième siècle ; les parties les plus anciennes sont le chœur (1163-1182) et le Transept. Elle est achevée vers 1250.
D’une longueur de 127 mètres, d’une largeur de 48 m, elle a été entamée par le temps et martyrisée par la révolution.
La restauration du dix-neuvième siècle complète et nécessaire permet de remplacer non seulement la flèche d’origine déjà effondrée au dix-huitième siècle, mais aussi de classer la cathédrale à l’inventaire des monuments historiques en 1862 puis au Patrimoine mondial de l’UNESCO en 1991.
Au-delà des symboles, il y a près de 20 siècles que l’on prie en ce lieu à l’origine existait déjà un temple gallo-romain.
En 1163, la réalisation revient à un homme d’origine modeste le chanoine Maurice de Sully, devenu évêque de Paris. Cette cathédrale avait le devoir d’être une ode à la lumière et à la verticalité ; les nombreux vitraux décorent, mais aussi instruisent les profanes sur la bible.
Elle est construite en utilisant la nouvelle technique artistique développée en Europe occidentale, la voute sur croisée d’ogives : deux arcs se croisent en diagonales et permettent de répartir le poids des pierres sur 4 piliers renforcés par des éléments d’appui en forme de demi-arc situés à l’extérieur de l’édifice. Ici ces arcs dits boutants sont même prolongés par les premières gargouilles.
L’élévation de la nef est grandiose ; d’une richesse élégante et sobre, la façade présente des proportions harmonieuses et une décoration admirable sur ses trois portails.
Du haut de la tour sud, une vue splendide s’étendait sur la flèche, l’ile de la Cité et tout Paris.
L’incendie qui a ravagé la cathédrale a mis en lumière sa vulnérabilité. Cette flèche qui s’effondre après avoir été transformée en torche géante crevant les voutes d’ogives âgées de 850 ans a provoqué en moi un brasier d’émoi.
Après l’incendie à Metz en 1877, à Reims en 1914, Rouen en 1945, Nantes en 1972, la tristesse a engendré de l’espoir.
On remontera les voutes tombées, on refera la charpente ; ce monument vit et vivra encore avec plus de splendeur. Notre Dame c’est un peu l’âme du pays ; par sa flèche elle pointera son doigt vers le ciel, en sommet capital de l’art français, chef d’œuvre d’humanité et de l’humanité, car comme l’a dit Paul Claudel : « Notre-Dame de Paris n’est pas seulement un édifice, c’est une personne. »
Un Frère d’une loge de Moselle a dit.